Paris, ville bimillénaire, regorge d’histoires fascinantes, de légendes urbaines et de mythes terrifiants. Après vous avoir parlé des tueurs en série ayant sévi à Paris et de la rue la plus macabre de Paris, plongeons-nous dans le passé mystérieux de la capitale. Des légendes et des mythes, qui ont traversé les âges pour finir dans cet article.
L’Homme Rouge du Palais des Tuileries
À partir du 16ème siècle, une mystérieuse apparition s’est montrée à tous les personnes au pouvoir de la France avant leur chute, jusqu’au 19ème siècle. Une figure vêtue de rouge, qui a erré dans les jardins du Palais des Tuileries pendant 3 siècles… Avec des prédictions graves et sombres, qui se sont souvent réalisées. Le cauchemar des personnages influents du pouvoir de l’époque, son identité est tout aussi légendaire. En effet, l’homme rouge serait Jean l’Écorcheur, un boucher qui travaillait dans un abattoir près du Palais. Il fut assassiné à la demande de la reine Catherine de Médicis en 1564, sur suspicion qu’il connaissait des secrets du royaume.
Mais Jean l’Écorcheur n’avait pas l’intention de quitter le monde des vivants. Après avoir déclaré « Je reviendrai ! » en guise de derniers mots, il réapparût vite, d’abord à l’astrologue de la reine, puis à la reine. Il va donner la prédiction que Catherine de Médicis mourrait à St-Germain, et la hanter jusqu’à sa mort. Si la reine passe le reste de sa vie à éviter tout lieu nommé St-Germain, dont une des résidences royales qui se trouvait à Saint-Germain-en-Laye, elle sera finalement accompagnée sur son lit de mort par un prêtre nommé… « de Saint-Germain » !
Plusieurs autres souverains et membres de la cour royale verront le spectre rouge avant des morts et désastres. Henri IV, Louis XIV, Louis XVI… Tous l’ont aperçu et en étaient terrifiés avant de mourir. Marie-Antoinette l’aurait même vu au chevet de son lit en 1792, avant que la Monarchie ne chute. Elle dira le voir jusqu’à sa mort en 1793. Ce spectre rouge inquiétant se serait même révélé à Napoléon avant sa défaite à Waterloo en 1815 !
L’Homme Rouge sera aperçu à nouveau plusieurs fois jusqu’à la Commune de Paris en 1871, lorsque le Palais des Tuileries est brûlé 3 jours durant. Plusieurs témoins diront avoir vu la fameuse silhouette rouge disparaître dans les flammes, et l’homme rouge ne sera plus jamais revu…
Le vampire de Montparnasse
Oui oui, un vampire dans Paris ! En 1848, plusieurs corps sont retrouvés exhumés de leurs tombes au cimetière du Montparnasse. Les cadavres, souvent des femmes jeunes et décédées récemment, montrent des traces de violence, de coups, mais aussi de… viol. Même constant au cimetière du Père Lachaise. Insaisissable, l’auteur des faits gagne vite le surnom de « vampire de Montparnasse », et terrorise la capitale de ses méfaits ignobles. Certains corps seront même démembrés et éparpillés à travers le cimetière par le nécrophile fou.
Pour l’attraper, la police de l’époque trouve une ruse. Si l’homme qui commet ces atrocités n’a jamais été vu, il laisse derrière lui des traces de pas retrouvées au petit matin. Ainsi, la police sait par où il entre dans les cimetières. La nuit, ils installent un piège : un fil métallique, qui, si il est touché par quelqu’un qui marche dessus, déclenche une salve de tirs de la mitraillette reliée au piège. Dans la nuit du 15 au 16 mars 1849, le piège marche enfin. Plusieurs tirs se déclenchent et touchent l’homme, qui est contraint d’aller à l’hôpital.
Là-bas, il avouera ses crimes, et sera donc condamné… À un an de prison seulement, pour violation de sépultures ! En effet, à cette époque, la nécrophilie n’est pas inscrite dans la loi en tant que viol, les victimes ne pouvant exprimer un consentement ou non-consentement. Le sergent François Bertrand, le coupable, purge donc sa peine, et réintègre la société, et même l’armée en 1856. Il déménage au Havre, se marie, et mène une vie normale… Semblerait-il en tout cas. Plusieurs historiens notent que des cimetières de la ville ont aussi été profanés entre 1867 et 1869.
La malédiction de la rue de Bièvre
Désolé pour les frissons qui ont dû traverser nos lecteurs habitant rue de Bièvre. Mais ne vous inquiétez pas, la malédiction en question ne concerne que le numéro 1bis de la rue. Un bistrot malfamé se tenait à l’époque à cette adresse. Le « Père Hubert » a pourtant été repris par un jeune couple, désireux de redorer l’image du lieu. Un jour, alors que le bistrot est vide, comme souvent, l’homme du couple rentre dans l’établissement et voit sa compagne attablée avec un gitan qui lui tire les cartes. Jaloux, l’homme accompagné de son berger allemand va chasser le gitan. Celui-ci marmonne une sorte d’incantation et pointe vers le chien, puis s’en va. Le chien mourra peu après.
Le gitan réapparaît quelques jours plus tard, et l’homme l’insulte et l’agresse, convaincu qu’il est responsable de la mort de son chien. À nouveau, le gitan marmonne et pointe en direction de l’homme, qui mourra aussi mystérieusement peu après avoir été pris de démangeaisons intenses. Le bistrot restera ensuite fermé. Mais un jour, des témoins disent avoir vu la jeune femme du couple s’enfuir avec le gitan. Avant de quitter les lieux, le gitan marmonne son incantation, et pointe cette fois vers la maison. Conscients de l’histoire du lieu, personne ne s’en approchera, et le 1bis rue de Bièvre restera à l’abandon.
Jusqu’en 1943, où l’histoire reprend. Le bâtiment délaissé menace de s’effondrer. À l’époque, Paris est sous l’Occupation, et ce sont donc des soldats allemands qui sont chargés d’aller inspecter le lieu et s’assurer qu’il ne s’effondre pas sur la rue. Mais les hommes envoyés en reconnaissance tomberont tous mystérieusement malades et mourront rapidement. Il est alors décidé de raser le bâtiment.
Aujourd’hui, il ne reste qu’un terrain vague au 1bis rue de Bièvre. Dans un quartier très prisé en plein centre de la capitale, personne n’a osé construire sur le terrain. D’ailleurs, dans tout acte de vente éventuel réalisé pour ce terrain, ne pas inclure la légende de cette malédiction est considéré légalement comme un vice caché…
L’homme à la redingote
Accrochez-vous, car cette légende va vous faire remettre en question les lois de la physique. En juin 1925, un étudiant en médecine, Jean Romier, se balade dans les Jardins du Luxembourg. Il s’assoit alors sur un banc auprès d’un vieil homme pour réviser ces cours. Les deux hommes parlent et sympathisent, et le vieillard vêtu d’une redingote se présente : Alphonse Berruyer, musicien. Il invite alors le jeune homme à un concert privé chez lui en compagnie de sa famille et de ses amis, en lui indiquant son adresse et l’étage de son appartement rue de Vaugirard.
Le soir venu, le jeune homme se présente à l’adresse indiquée, et passe une bonne soirée en compagnie du vieil homme qu’il venait de rencontrer, ainsi qu’avec ses proches. Cependant, plusieurs choses interpellent le jeune étudiant. Ces gens ont l’air aisés, mais ils s’éclairent encore au gaz, une pratique qui ne se fait plus vraiment en 1925. Et tous les convives sont habillés de vêtements datant plus du siècle précédent que du 20ème siècle. Mais cela est sûrement anodin, pense le jeune homme.
Aux alentours de minuit, Jean Romier remercie ses hôtes, et rentre chez lui. Sorti de l’immeuble, il réalise qu’il a oublié quelque chose : son briquet ! Il remonte, sonne et tape à la porte, mais personne ne répond. Un voisin interpellé par ce tapage nocturne sort et vocifère au jeune homme que cet appartement est abandonné… depuis plus de 20 ans ! Le concierge, puis la police, sont alors dépêchés sur les lieux. Le propriétaire de l’appartement, qui n’est autre que l’arrière-petit-fils d’Alphonse Berruyer, arrive aussi pour ouvrir la porte de l’appartement qu’il a reçu en héritage et n’utilise pas.
Lorsque la porte est ouverte, Jean Romier manque de s’évanouir. L’appartement est vide, les meubles et le sol recouverts d’une épaisse couche de poussière. Des toiles d’araignée habillent les murs et les plafonds, et une odeur de moisi pèse dans l’air. Mais sur les photos et cadres dépoussiérés, le jeune étudiant reconnaît tout le monde. Alphonse, mais aussi sa famille et ses amis. Des gens pourtant morts depuis bien longtemps… Et sur la cheminée, sous une épaisse couche de poussière, le briquet que Jean Romier était venu chercher.
Albert Einstein, qui aurait eu vent de cette histoire, aurait dit la chose suivante : « Ce jeune homme a trébuché dans le temps, comme d’autres ratent une marche d’escalier. »
Les portes du Diable
La cathédrale Notre-Dame, joyau de la culture parisienne mais aussi et surtout de la culture religieuse, serait pourtant marquée par la patte du Diable lui-même… Lors de la construction de l’immense cathédrale au 13ème siècle, un jeune apprenti ferrailleur prometteur aurait été chargé de réaliser les élégantes arabesques métalliques sur les portes latérales de Notre-Dame. Le ferronnier Biscornet se met au travail, mais réalise rapidement que l’ampleur de la tâche est bien trop importante. Une nuit, alors qu’il essaie de travailler le fer sans succès comme les jours précédents, il crie « Au Diable ! ». Le Malin en personne lui serait alors apparu, lui proposant de lui vendre son âme contre la réalisation des imposantes portes.
Au réveil, Biscornet ouvre les yeux sur ses portes latérales, finies, décorées de magnifiques arabesques fines et élégantes. Des ferrures florales délicates, des soudures presque invisibles, des animaux forgés si précisément… Un véritable chef-d’œuvre, qui sera admiré par les membres de l’Église. Mais lors de l’inauguration de la cathédrale Notre-Dame, ces portes refusent de s’ouvrir. Il faudra les exorciser et les noyer d’eau bénite pour qu’elles daignent s’ouvrir. Biscornet est aussi libéré de son empreinte diabolique avec la cérémonie. Mais le Diable ne se laisse pas faire si facilement… Le jeune ferrailleur mourra quelque temps plus tard.
Au 19ème siècle, lors de la restauration de la cathédrale, Eugène Viollet-Le-Duc est bluffé par ces portes ornementées. En 1800, on a désormais le savoir et la technique pour réaliser de tels ouvrages. Mais cela est impossible au 13ème siècle. Avec les techniques modernes, il parvient donc à faire refaire les arabesques de Biscornet à l’identique. Mais la réalisation de l’oeuvre reste longue et difficile, même avec sa maîtrise. Aujourd’hui, seule la porte latérale gauche donnant sur le parvis conserve les arabesques originales du 13ème siècle. Allez les admirer la prochaine fois que vous passerez par là, et demandez-vous si vous n’avez pas devant vos yeux l’oeuvre du Diable…
Bonus tiré de notre article dédié sur cette histoire gore et saugrenue :