Un vestige du Paris des Années Folles était la dernière maison close de la capitale. « Aux Belles Poules », c’est un magnifique bout de l’histoire parisienne à visiter !
Fermée en 1948 à cause de la loi Marthe Richard obligeant la fermeture des maisons closes, l’institution de la débauche parisienne « Aux Belles Poules » était une des dernières maisons de joie de la capitale encore en activité. Repère de la haute société parisienne comme des filous de l’époque, le lieu était un des endroits les plus dévergondés des nuits du Paris des Années Folles. Aujourd’hui, une partie de l’ancienne maison close reçoit des événements, conférences, afterworks, ou encore tournages. Ce qui étaient avant les chambres sont maintenant de banales habitations, où résident des Parisiens probablement sans connaître la débauche qui a eu lieu en ces murs… Retour sur l’histoire de ce lieu sulfureux !
L’adresse des Années Folles
« Aux Belles Poules » a ouvert en 1870, au 32 rue Blondel. Mais c’est en 1920, en plein milieu des Années Folles, que le lieu va connaître son âge d’or. La Première Guerre Mondiale finie, l’insouciance de retour en France, les côtés sulfureux de Paris sont à nouveau en plein essor. En effet, si la prostitution est interdite, elle est « tolérée » en France au 19ème siècle sur décision de Napoléon : la prostitution pourra être exercée seulement dans des lieux clos, les « maisons de tolérance », plus connues sous le nom de maisons closes. La seule contrainte est de recevoir la visite de l’inspection sanitaire tous les 15 jours. C’est dans ce contexte de liberté des mœurs qu' »Aux Belles Poules » se développe, et s’habille de ses mosaïques si caractéristiques.
À l’époque, plus de 150 maisons closes se trouvaient à Paris. Le fonctionnement était simple : à l’entrée vous payez pour des jetons, qui seront utilisés pour vous offrir les services des filles de joie dans la maison close. Le but est de ne pas avoir d’argent qui circule au sein des chambres, les services étant « payés à l’avance ». « Aux Belles Poules » était une maison populaire, loin des secrets luxueux de Jean Gabin, Tino Rossi ou même Edith Piaf, mais faisait partie intégrante de la scène des mœurs parisiennes.
Dans cette maison close aux mosaïques élégantes, des spectacles érotiques et tableaux vivants faisaient la célébrité du lieu. Des scènes délurées racontées par des écrivains amateurs du lieu, comme Pierre Deveaux ou encore Henry Miller. On y parlait notamment de jeux où les filles de joies devaient attraper les jetons de paiement avec… leurs parties intimes. Le champagne coulait à flot, les sexualités étaient libérées… Tout le Paris des Années Folles !
Un lieu perdu, puis retrouvé
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, les Allemands qui occupent alors Paris réquisitionnent les maisons closes. À la sortie de la guerre, l’image de ces lieux de débauche est alors teinte par le passage de l’armée allemande. En même temps, la loi Marthe Richard est votée, et enterre les maisons closes en France. « Aux Belles Poules » tient tête, et reste ouverte le plus longtemps possible pendant que les autres maisons closes sont démantelées. En 1948 finalement, la maison ferme ses portes.
Le lieu devient alors un bar, un grossiste, et le local de diverses activités commerçantes à travers les âges. Jusqu’en 2014, où une jeune entrepreneuse, Caroline Senot, décide de reprendre le lieu. Derrière les décors normaux et planches en bois installés pour camoufler le passé sulfureux de l’adresse, les magnifiques mosaïques qui ont contribué à l’inscription de l’intérieur d' »Aux Belles Poules » à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1997 se révèlent à nouveau. Un camouflage qui leur a permis d’être parfaitement conservées, et de donner l’impression aujourd’hui de découvrir le lieu comme si l’on y était en 1920. Un incroyable vestige de l’histoire parisienne, seule maison close inscrite au patrimoine français, et l’une des dernières à avoir été en activité en France. Aujourd’hui, Caroline Senot y renoue avec le passé libéré d' »Aux Belles Poules » tout en alliant la modernité de notre siècle à travers événements, afterworks, conférences, et location du lieu.