Quelques jours après la Reine d’Angleterre Elizabeth II, c’est un roi d’un autre genre qui nous quitte à l’âge de 96 ans, après une longue vie qui a influencé le monde autour de lui. À la fois figure de la photographie, et notamment de la street photography, mais aussi peintre, cinéaste et graphiste, William Klein est mort « paisiblement » selon sa famille, à Paris ce 12 septembre 2022. D’un épicentre mondial de la culture à un autre, l’artiste né à New York en 1926 a fini sa vie à Paris, ayant immortalisé entre temps les visages, les monuments et les tranches de vie de métropoles à travers le monde. Car si William Klein a marqué les arts, c’est surtout via l’image – et la mode – que l’on se rappelle de l’œuvre du photographe.
William Klein, icône de la photographie moderne
En 1954, l’artiste rencontre Alexander Liberman, alors directeur artistique de Vogue. S’ensuit une collaboration qui durera plus d’une décennie, et qui marquera à la fois l’histoire de la mode, mais aussi et surtout l’histoire de la photographie. En effet, l’idée révolutionnaire de William Klein, amener les mannequins dans la rue et jouer avec l’environnement urbain pour réaliser ses shootings décalés iconiques, devient un classique instantané. Avec ses clichés originaux, Klein s’inscrit aussi dans l’histoire de la photographie de rue, et devient une des figures du mouvement. En parallèle de ses chefs-d’œuvre fashion, de retour à New York pour les besoins de Vogue, William Klein débute le premier de nombreux journaux photographiques, où l’artiste capture des moments du quotidien en explorant les limites de la photographie. Comme pour ses shootings de mode, il sort des sentiers battus et joue avec les techniques, de cadrages aléatoires au grand angle exagéré.
Des milliers de photographies, de New York à Tokyo, en passant par Londres et… Paris !
L’histoire entre Paris et William Klein s’écrit dès 1946, lorsqu’en déploiement en Allemagne pour son service militaire, il découvre l’Europe. Lors d’une année d’études à la Sorbonne, il s’initie à la peinture. Car avant la photographie, c’est d’abord grâce à ses coups de pinceaux que Klein se retrouve pour la première fois exposé dans des galeries à travers l’Europe. Mais c’est après son journal photographique Life is Good and Good For You in New York, snobé aux États-Unis mais exposé pour la première fois à Paris en 1956, que son nom sera associé à la photographie. À Paris, sa ville adoptive de cœur, Klein se met aussi à la réalisation, et imagine derrière les caméras plusieurs classiques publicitaires de l’époque, de Citroën à Renault en passant par Michoko. Photographie que la plupart d’entre nous reconnaîtront au premier coup d’œil, Klein est aussi l’auteur de l’une des couvertures d’album les plus iconiques de la chanson française : Love on the Beat de Serge Gainsbourg.
Ce 12 septembre, c’est un véritable un roi des arts graphiques et une icône de sa génération qui s’en est allée.