Plus ancien monument de Paris, l’obélisque de la Concorde subit en ce moment d’importants travaux de rénovation en vue, notamment, des Jeux Olympiques de 2024. L’occasion pour nous de revenir sur la folle histoire de ce symbole historique. De son abattage au sol à son inauguration sur la place de la Concorde, l’obélisque a connu une destinée loin d’être paisible. On vous la raconte.
Un projet titanesque
Construit au XIIIe siècle avant JC sous le règne de Ramsès II, l’obélisque de Louxor a été sélectionnée par Méhémet-Ali pour en faire don à la France en 1829. À la base, c’est un monument Alexandrin qui avait été choisi pour honorer Charles X, mais l’égyptologue Champollion réussit à convaincre le vice-roi. De ce don nait réellement le projet complètement fou pour l’époque : il faut mettre à terre le fragile monument de 23 mètres de haut et de 230 tonnes, le charger sur un bateau, et lui faire parcourir les 12 000 kilomètres qui séparent Louxor de Paris.
La lourde tâche est confiée à Apollinaire Lebas, sur qui repose alors une pression gigantesque. L’ingénieur de la Marine est déjà confronté à un obstacle périlleux : il constate une grande fissure, toujours visible aujourd’hui, sur l’une des faces de l’obélisque. L’imposant monument de granit doit alors être traité avec encore plus de soin. Après un abattage tendu mais réussi, le colosse est prêt à prendre la mer. Pour ce faire, un navire spécialement conçu pour l’occasion doit être rapatrié de Toulon. Baptisé « Luxor », il rejoint la ville éponyme le 14 août 1831, mais l’équipage n’arrivera à Paris que le 23 décembre 1833 !
Entre problèmes logistiques et querelles politiques
Preuve d’une traversée plus que tumultueuse, ce délai est aussi expliqué par les lourds problèmes de logistique rencontrés en Égypte. Le monolithe a en effet dû être trainé à bout de bras sur 400 m avant de pouvoir rejoindre le bateau. Autre fait notable, les centaines de membres de l’équipage ont dû attendre huit mois avant d’espérer voir une crue du Nil pour pouvoir faire flotter et partir le navire. Mais ces derniers étaient loin, très loin d’être au bout de leurs peines. Et pour cause, cette longue traversée avait tout de la galère ! Freinée par des bancs de sable et les tempêtes d’hiver, l’embarcation a aussi connu en son sein diverses épidémies, le tout, sous la chaleur accablante de la Méditerranée.
L’obélisque arrive enfin à bon port dans l’hiver froid parisien, mais cela ne signifie pas la fin de toutes ces tribulations. Après les problèmes logistiques viennent les querelles politiques ! Le socle, aux motifs jugés indécents, doit être remplacé ! On doit alors commander un substitut en Bretagne. Puis vient le débat du lieu d’installation du nouveau monument. Après moult tergiversations, c’est finalement la place de la Concorde qui est adoptée. Finalement, l’inauguration se fera le 25 octobre 1836, cinq longues années après la mise au sol du bloc de terre. Champollion, décédé trois ans plus tôt, n’aura même pas le privilège de voir son trésor érigé à Paris.
Pour l’anecdote, il était ensuite prévu d’aller rapatrier le deuxième obélisque en France, lequel ne quittera finalement jamais l’Égypte ! C’est même François Mitterrand qui, renoncera officiellement au don en 1981 !