Au cœur du théâtre Le Trianon à Paris, sur une première représentation à guichets fermés, 4 siècles d’Histoire ont été effacés un lundi soir d’hiver. Pour le mieux ! En effet, le spectacle d’opéra No(s) Dames repose sur une proposition très simple : « Aux femmes la direction musicale, à l’homme les agonies de divas ! »
Finies les tragédies où les héroïnes souffrent et sont violentées, allant parfois jusqu’au féminicide. Ici, Carmen, Zaïde, Maria, Médée, Norma ou Violetta ont enfin leur vengeance. Car là où c’est habituellement une femme qui se retrouve au centre de la scène, tourmentée par les aléas tragiques imaginés par leurs bourreaux compositeurs, c’est cette fois la voix d’un homme qui résonne dans la salle. C’est le contre-ténor Théophile Alexandre se charge de cette tâche inédite – avec brio. Autour de lui, ce sont des compositrices et musiciennes. Le quatuor Zaïde, parfaitement nommé pour le spectacle, s’occupe de la direction musicale. Un contraste inhabituel, déroutant et envoûtant, qui voit des compositions de grands maîtres retravaillées pour coller à cette dynamique inversée.
No(s) Dames, un opéra engagé et puissant
Si vous êtes habitués de l’opéra, No(s) Dames est un spectacle rafraîchissant. En inversant les rôles de l’opéra traditionnel, cette œuvre humaniste et féministe offre une belle relecture des plus grands chefs-d’œuvre du genre. À travers un peu plus d’une heure de spectacle, ce sont 21 destins de femmes qui sont réécrits. Mis en scène par Pierre-Emmanuel Rousseau, exécuté avec talent par le Quatuor Zaïde et le contre-ténor Théophile Alexandre, No(s) Dames joue habilement avec la grande tradition romantique, en revisitant les thèmes de l’amour et de la mort. Un condensé de destins tragiques à qui sont rendu l’honneur de vivre et d’être célébrées, et non pas de servir de pièce maîtresse à une œuvre fatale.
No(s) Dames est un opéra qui traite culturellement d’un thème malheureusement encore trop actuel, les féminicides et les violences faites aux femmes. En parallèle du spectacle, un album compilant les sons de ce nouvel opéra est aussi sorti. Un livre, écrit par la journaliste Arièle Buteaux, sort aussi, avec des interviews et rencontres sur le sujet du genre dans la culture. Des ateliers autour de l’opéra et plus précisément sur les femmes se tiennent aussi. Avant certaines dates, conférences et tables rondes viendront aussi ajouter du contexte et des discussions autour de No(s) Dames. Un spectacle à découvrir de toute urgence. Prochaine date au Trianon le 11 avril !