Mamie Foodie n’est pas un traiteur comme les autres : entreprise solidaire, elle sort les seniors de l’exclusion, tout en offrant une cuisine de grand-mère unique et variée.
Valentine Foussier et Johanna Pestour se sont rencontrées lors de leur études, en spécialisation entrepreneuriat à l’ESCP Europe. Valentine, passionnée par le monde de la restauration et Johanna par celui de l’économie solidaire, ont eu ensemble une idée : celle de participer à la réinsertion des personnes âgées tout en bénéficiant d’un savoir-faire précieux, celui de cuisiner.
Les chefs de Mamie Foodie, sont donc tous retraités et cordons bleus, dotés d’un savoir-faire unique, d’une passion pour la cuisine et d’un style bien propre (les origines des grands-parents diffèrent beaucoup !). On est parti à la rencontre de Valentine, la co-fondatrice de Mamie Foodie qui s’occupe de la cuisine, la production et la communication !
Comment est née Mamie Foodie ?
Mamie Foodie a beaucoup évolué : au départ c’était un projet de cours de cuisine, puis c’est peu à peu devenu le traiteur d’aujourd’hui. « On est parti de rien, ce n’est pas facile de monter un projet. On a mis du temps à trouver l’idée finale. Au début, on cuisinait chez moi, rie-t’elle. Aujourd’hui, on a notre propre labo culinaire, l’équipe s’est agrandie, l’offre s’est améliorée. »
Et pourquoi cuisiner avec des seniors ?
« Les personnes âgées ont tendance à être oubliées, isolées. L’objectif est de recréer du lien entre les générations. Comme les grands-parents disposent d’un vrai savoir-faire culinaire, on a décidé de le mettre en avant. » Plus que de cuisiner, les « Mamies » et « Papis » de Mamie Foodie participent aux événements : ils s’occupent du service. Cela leur permet d’être en contact avec les invités, de parler de leur histoire, de leur cuisine.
Quelles sont les spécialités de Mamie Foodie ?
Chaque grand-parent a sa spécialité : « On a le bœuf bourguignon de Mamie André, par exemple, ou le poulet colombo de Jocelyne, le rougaille saucisse de Marie-Ange, la blanquette de veau de Gilles… » Johanna et Valentine tiennent aussi à mettre en avant les différentes origines de leurs séniors : martiniquaise, mauricienne, argentine, camerounaise, française, italienne… Elles ont donc un menu très « cuisine du monde » qui permet d’affirmer les cultures culinaires de chacun, une touche qui plaît beaucoup a leur clientèle.
Pour qui ?
Mamie Foodie fait du traiteur événementiel, plus généralement pour les entreprises, les cocktails, les teambuilding, les fêtes de bureaux, les journées de formation… « Mais on fait aussi du service aux particuliers, et dans certains cas des cours de cuisine (pour des enterrements de vie de jeune fille par exemple). »
Les difficultés ?
Valentine explique que trouver les événements est délicat, car c’est un démarchage permanent. « Et puis travailler avec des seniors ce n’est pas toujours facile : ils ont leurs petites habitudes, ils ne sont pas toujours les plus efficaces ou les plus rapides. Mais c’est le pari qu’on a fait.»
Comment va le marché à Paris ?
« La restauration est un domaine qui explose ici », explique Valentin. C’est vrai que Paris, capitale de la food, voit constamment naître de nouveaux business culinaires : resto-concept, carte ultra spécialisée, produits de saison… « Et même si le domaine de la restauration solidaire reste une niche, nous sommes en compétition avec tous types de traiteurs ». Dans les traiteurs solidaires, elle aime particulièrement les Cuistots Migrateurs, une initiative très proche de la leur qui engage des chefs réfugiés.
Et pour le futur ?
« Nous souhaitons continuer à développer le service traiteur, mais aussi ouvrir un lieu fixe et dédié à l’intergénérationnel. Au-delà de la cuisine, nous aimerions proposer des ateliers, de tricot par exemple, mais aussi d’informatique pour les aînés. Tenir des conférences. Remettre les différentes générations en contact. »
Avez-vous quelques anecdotes amusantes ou touchantes à nous raconter ?
« Il y a des moments de panique, comme lorsque Jocelyne avait préparé un plat très très épicé par exemple. On a dû rattraper la sauce et sur le moment c’était un coup de stress mais finalement ça s’est très bien passé, dit-elle en riant. Il y a des moments touchants aussi. Une fois, tous les convives ont applaudi et Mamie Jocelyne avait les larmes aux yeux. Ça nous rappelle pourquoi on fait ça, nous montre qu’on est utile ».