Alors que la Samaritaine, illustre bâtiment commercial parisien, a rouvert ses portes après 16 ans de fermeture et de rénovations, si l’on s’intéressait à l’homme derrière cette magnifique création ?
Tantôt maître de l’Art Nouveau, tantôt amoureux de l’Art Déco, Henri Sauvage est un de ces esprits créatifs inépuisables qui ont marqué l’histoire (et l’apparence) de la capitale. Entre les années 1900 et 1930, l’architecte a en effet imaginé des dizaines de constructions parisiennes. Si certaines ont été détruites par le temps, les politiques locales ou la guerre, plusieurs de ses créations sont encore visibles aujourd’hui à Paris. Outre les magnifiques bâtiments du complexe commercial de la Samaritaine, voici les autres chefs-d’œuvre d’Henri Sauvage !
Les habitations bon marché
Ancêtres des HLM, les HBM (habitations bon marché) sont les vestiges d’un Paris en pleine expansion, cherchant à désengorger ses quartiers trop occupés. Dans les 17ème et 18ème arrondissements d’abord, ces hautes habitations collectives prennent forme. Et parmi les premiers architectes chargés de ce projet, Henri Sauvage ! Ces logements sociaux suivent la même tendance : aérés, lumineux, avec une structure apparente en façade et des oriels. Vous pouvez par exemple les voir au 7 rue de Trétaigne dans le 18ème arrondissement, ou au 111 avenue Victor Hugo dans le 16ème arrondissement.
Le Studio Building
Dans le 16ème arrondissement, un luxueux bâtiment Art Déco se démarque des autres immeubles haussmanniens du quartier. Inscrit aux Monuments Historiques depuis 1975, ce joyau architectural a été construit entre 1929 et 1932, en plein âge d’or de l’Art Déco à Paris. Remplis d’appartements et de lumineux ateliers d’artistes, la façade est habillée de carreaux de Gentil & Bourdet. Direction le 65 rue de la Fontaine.
Les immeubles à gradins
Autre spécificité d’Henri Sauvage, les immeubles en gradins. Toujours des HBM, inspirés par les prémices de l’architecture Art Déco, deux projets en gradins ont vu le jour sous l’impulsion de Sauvage dans les années 1910. L’un se trouve dans le 6ème arrondissement au 26 rue Vavin, avec sa façade blanche particulière carrelée de carrés de métro. L’autre est un bâtiment bien connu : l’immeuble du 13 rue des Amiraux avec sa piscine ! C’est Henri Sauvage qui est à l’origine de ce style de construction, ensuite repris à travers la France, notamment dans les années 1950-1960.
Le cinéma Gambetta
Outre les piscines, Henri Sauvage a aussi réalisé plusieurs lieux de culture parisiens. Si nombreux ont été détruits, l’un d’eux trône encore sur la place Gambetta. C’est l’actuel cinéma Mk2 Gambetta ! Magnifique édifice Art Déco, Henri Sauvage a imaginé cet ancien théâtre dans ce style, alors que l’Art Nouveau était préféré dans les années 1910. Fini en 1920, il tombe pile dans le début des Années Folles. Bon timing !
La maison close disparue, Le Sphinx
En bonus, un monument disparu de l’architecture d’Henri Sauvage : une maison close ! Le Sphinx, comme son nom l’indique, s’inspirait de l’architecture et de la décoration égyptienne, une esthétique souvent vue avec le mouvement Art Déco. Le cinéma Louxor est un exemple à Paris. Anciennement sur le boulevard Edgar Quinet dans le 14ème arrondissement, cette maison close a ouvert de 1931 à 1962. Comme clients, l’établissement a pu voir passer Jacques Prévert, Jean-Paul Sartre, Colette, Ernest Hemingway et même… Hitler en 1940.
Photo de couverture : O. Taris/Wikipedia Commons.