2018 se termine, et on a voulu faire un récap’ des meilleurs films de l’année. On a donc demandé à Hakim Atoui, un ami producteur, de nous faire un petit compte-rendu de ses films préférés !
Roma
Alfonso Cuarón propose, avec Roma, son 8ème long-métrage, une plongée virtuose dans le Mexico des années 70. Chaque plan est une leçon de mise en scène qui ne laisse personne de marbre. Les plans-séquences, en noir et blanc, s’enchaînent et finissent par synchroniser le rythme cardiaque du spectateur avec celui de Cleo, la « bonne à tout faire » d’une famille de classe moyenne, celle de Cuarón. La dimension autobiographique transpire dans cette histoire qui nous prend doucement, tranquillement, mais irrésistiblement.
Guy
Guy est le second long-métrage d’Alex Lutz. Il enfile cette fois le costume de Guy Jamet, une gloire des années 1970, avec une facilité et une précision déconcertantes. Ses gestes, sa respiration, son intonation et ses remarques « réac » finissent d’achever la transformation physique du comédien/réalisateur. Parfois nostalgique, souvent drôle mais toujours bouleversant, Guy titille notre mémoire commune. Il nous rappelle nos grands-pères ou les chanteurs dont nous connaissons tous les chansons et les destins tragiques.
Lazzaro Felice
Lazzaro Felice est une formidable fable ! La première moitié du film est un conte social fort, puissant, percutant, qui met du temps à se mettre en place et à se laisser apprivoiser. La seconde partie du film nous plonge dans une réalité sociale de l’Italie contemporaine avec une véracité déconcertante. Lazzaro, celui que tout le monde appelle, celui dont tout le monde a besoin, celui qui sauve tout le monde, est notre ami idéal, notre frère idéal ou notre fils idéal. Telle une funambule, Alice Rohrwacher nous propose un excellent film au croisement du drame et de la fable.
Pupille
Pupille est un film sans suspense. Dès le début, nous savons que ce petit bébé, abandonné à la naissance par sa jeune mère, finira par être adopté par une Elodie Bouchez qui mérite tous les prix d’interprétation. Le film réussit alors le tour de force de nous émouvoir, voire même nous bouleverser et nous faire passer par toute une palette d’émotions rares dans le cinéma français. Si sur le papier, le film semble très didactique, la magie du cinéma opère et aucune scène ne tombe dans le pathos.
Jusqu’à la garde
« Jusqu’à la garde » est un premier film, celui d’un futur grand réalisateur : Xavier Legrand. Legrand nous invite dans une famille brisée par un divorce précipité par la violence conjugale. Sans musique ni grosse ficelle scénaristique, le film nous fait avancer dans un état de stress certain, vers un épilogue inévitable qui nous scotche sur notre siège de spectateur et qui mérite, à lui seul, de voir ce film. L’interprétation des comédiens est impeccable même s’il faut particulièrement souligner celle du jeune Thomas Gioria.
Girl
Girl prend un parti pris fort, celui d’aborder une histoire de transidentité par le prisme de l’acceptation sociale. Lara, 15 ans, est élève dans une école de danse et avance doucement, laborieusement, dans son parcours de changement de genre. Alors que la quasi totalité des films qui existent sur le sujet décident d’opposer la volonté du personnage en transition à la société et à sa famille, Girl surprend avec un entourage extrêmement bienveillant, solidaire et prompt à accompagner Lara. Lara, ce petit ange à la fois si fragile et tellement fort, nous accroche dès la première seconde et nous envoûte dans des scènes de répétitions de spectacle de danse. Ce n’est pas l’entourage de Lara qui a un problème avec sa transition, c’est elle-même, et c’est là que réside la force irrésistible de ce premier film qui vaut à son réalisateur la Caméra d’Or ainsi que la Queer Palm au Festival de Cannes 2018.
À cette sélection, on aimerait ajouter le très beau film 3 billboards, les panneaux de la vengeance, une histoire de deuil, de rage, de vengeance brillamment menée par Frances McDormand, L’Île aux chiens, très belle animation de Wes Anderson, qui une fois de plus nous emmène dans son univers décalé où tout est si loufoque mais pourtant si juste, Call me by your name, pour la beauté d’un amour passionnel, le temps d’un été en Italie, Lady Bird, un film du quotidien, une relation mère-fille compliquée, un feel good movie tout doux, et pour la touche française Le Grand Bain, où l’on s’attache à chaque personnage pour sa fragilité, sa complexité, et son intérêt complètement improbable pour la natation synchronisée.