Si vous vous êtes déjà baladé du côté de la rue de Courcelles dans le 8ème arrondissement, vous avez dû tomber sur un étonnant bâtiment. Entièrement rouge, une pagode se dresse au milieu des immeubles haussmanniens. Quelle est l’histoire de cette pagode parisienne ?
Impossible de passer à côté. Dans le 8ème, une grande pagode rouge fait l’angle des rues de Monceau, de Courcelles et Rembrandt. Comment s’est-elle retrouvée là, en plein cœur d’un quartier rempli d’anciens hôtels particuliers de l’époque du baron Haussmann ? Construit au milieu des années 1800, comme la plupart des immeubles voisins, l’adresse est d’abord un hôtel particulier loin de l’être, au milieu des autres. Il faudra attendre les années 1920, quand les Années Folles battent leur plein à Paris, pour que le bâtiment change radicalement de face (enfin, de façade). À cette époque, le collectionneur et marchand d’antiquités chinoises et d’art asiatique Ching-Tsai Loo s’y installe. Passionné de culture asiatique, il décide alors de transformer le numéro 48 en un monument à l’Asie, et naît donc la pagode.
Tout en conservant l’immeuble haussmannien, le collectionneur a rajouté les avants-toits courbés caractéristiques des pagodes, sur une façade entièrement repeinte en rouge. Le toit de la bâtisse a aussi été repensé. Tout le long des façades, des ornements et sculptures renforcent l’aspect asiatique de l’immeuble, où l’on entre maintenant via un véritable portail chinois orné. Ching-Tsai Loo fait du lieu un petit musée de la culture asiatique, un but qui lui est cher. Après la mort du collectionneur en 1957, le travail de collection et de préservation commencé par Loo continue.
Aujourd’hui, l’adresse accueille le musée privé Maison de Loo, et le bâtiment est communément Pagoda Paris. Une galerie d’art, CTLoo & Cie, occupe aussi la pagode. À l’intérieur, on peut y trouver du mobilier, des objets, des porcelaines, ou encore une impressionnante collection de livres venus d’Asie. La Chine y est bien sûr majoritairement représentée, mais la collection inclut aussi des éléments venus d’Extrême-Orient. Presque centenaire, le bâtiment est aussi un lien culturel entre la France et la Chine. Si la galerie et le musée privé ne sont pas ouverts au public, il est possible de découvrir ce lieu d’exception lors d’occasionnelles expositions ouvertes à tous.