Il y a de cela 150 ans, la Commune de Paris secouait les rues de la capitale au rythme des contestations et des révolutions. Cette période déterminante de l’histoire parisienne et française a vu naître les premiers grands mouvements de gauche. Pendant plus de 70 jours à partir du 18 mars 1871, Paris a été témoin de manifestations, d’insurrection et de violences, jusqu’à la « semaine sanglante » fin mai 1871, où les communards ont été écrasés et exécutés par le gouvernement de Versailles. Plusieurs grands lieux parisiens ont été le théâtre de cette époque, et témoignent encore aujourd’hui de son histoire. Découvrons-les !
L’Hôtel de Ville, l’étincelle de l’insurrection
La Commune de Paris a démarré avec l’insurrection des Parisiens contre le nouveau gouvernement qui venait d’être voté à l’Assemblée Nationale, et est née de la frustration de la défaite de la guerre franco-prussienne et du siège de Paris en 1870. Le 18 mars, plusieurs centaines de personnes manifestent sur le Parvis de l’Hôtel de Ville contre la volonté du gouvernement de signer la capitulation de Paris face aux troupes prussiennes. Ce rassemblement sera fortement réprimé, avec une trentaine de morts signalés après des tours sur la foule. Mais l’étincelle d’insurrection s’embrase, et l’Hôtel de Ville est encerclé avant la fin de la journée. Le maire, Jules Ferry, doit fuir, et le drapeau rouge des communards est levé.
Le Conseil de la Commune s’y installera jusqu’à fin mai, quand les incendies qui ravagent Paris pour freiner le gouvernement de Versailles touchent l’Hôtel de Ville, le réduisant en cendres. L’Hôtel de Ville que nous voyons aujourd’hui est tout neuf, puisqu’il s’agit d’une reconstruction à l’identique ouverte en 1882.
Le Mur des Fédérés, la fin de la Commune
Le 28 mai 1871 marque la fin de la Commune de Paris, alors que le gouvernement de Versailles pousse les communards dans leurs derniers retranchements. Ils sont exécutés un à un, dans tous les secteurs anciennement occupés. Les derniers résistants sont à Belleville, et se retrouvent coincés au cimetière du Père Lachaise. Entre les tombes, les balles fusent, et les communards perdront. Ils seront plus de 100 survivants à être faits prisonniers, alignés le long du Mur des Fédérés, et abattus.
Le Palais des Tuileries, symbole oublié
Saviez-vous que le Palais Royal, aujourd’hui Musée du Louvre, était bien plus grand qu’il ne l’est aujourd’hui ? Avant 1871, le Jardin des Tuileries était séparé de la cour où trône aujourd’hui la pyramide du Louvre, un palais entier fermant cette cour. Ce palais, c’était l’imposant Palais des Tuileries, ravagé par les flammes des incendies de la « semaine sanglante ». Les ailes du palais détruites par le feu n’ont pas été reconstruites, et le Palais Royal que l’on connaît aujourd’hui est né.
L’église Notre-Dame-des-Otages
Rue Haxo, dans le 20ème arrondissement, une église a une histoire directement liée à la Commune de Paris. Les communards qui n’avaient pas été exécutés pendant les événements de la Commune ont été faits prisonniers, et ont été envoyés à la prison de la Grande Roquette. Cette dernière est détruite en 1899 à cause de ses conditions inhumaines pour les prisonniers et les condamnés à la guillotine. À sa place, des habitations sont construites, ainsi qu’une église ! Mais cette église ne rendra pas hommage aux communards. Elle portera le nom de la cinquantaine d’otages que les communards ont abattu rue Haxo le 26 mai 1871, dont un archevêque, un abbé et trois jésuites. La Commune de Paris était contre la religion, et voulait séparer l’Église de l’État.