Paris et la presse ont une histoire intimement liée. Du premier journal périodique aux plus grands quotidiens nationaux d’aujourd’hui, un élément a traversé les âges : les kiosques à journaux !
Sur les grandes avenues parisiennes, ils sont des incontournables du paysage depuis le 19ème siècle. Vestiges du passé résistant au passage du temps, les kiosques à journaux sont devenus des icônes de la capitale, aussi respectés que les bouquinistes des bords de Seine. Avant de se plonger dans leur histoire, il faut cependant remonter le temps encore un peu plus loin, et explorer l’histoire parallèle de la presse en France.
Les premiers journaux à proprement parler sont écrits à la main, et bien souvent des satires contournant la censure. On peut retracer leurs origines au 16ème siècle en Italie, en Allemagne, en Angleterre, mais aussi en France. Sont abordés des thèmes aussi variés que la politique nationale, les procès du moment, des débats littéraires ou religieux… Mais la premier journal périodique officiel ne sera lancé qu’en 1631, à l’initiative de Théophraste Renaudot, médecin du roi Louis XIII sous l’Ancien Régime. Financée par Richelieu, La Gazette sert surtout de propagande politique, même si sa parution marque la naissance de la presse. « Gazette » vient de l’italien gazzetta, qui désignait une petite monnaie locale vénitienne, qui était pile le prix… du journal.
Des tavernes au premier kiosque illuminé sous Haussmann
Maintenant que l’on a établi le contexte de la naissance de la presse parisienne, venons en à l’origine des kiosques à journaux ! À la Révolution Française, la liberté de la presse est établie, et des dizaines de publications naissent. Un paysage culturel important, qui sera pourtant vite freiné à l’arrivée au pouvoir de Napoléon. Il faudra attendre 1881 pour que la presse soit légalement libre, après que les années 1850-60 aient marqué un nombre de journaux en constante augmentation. Ainsi, la vente de journaux devient une véritable activité. Des colporteurs installés près des jardins, des axes passants et surtout des tavernes sont les premiers à profiter de l’explosion de la presse en France. Au fur et à mesure, ils s’installent même plus définitivement dans la rue avec des étals.
Qui dit vente et profits, dit implication des pouvoirs publics. À Paris, c’est sous l’autorité du baron Haussmann que la vente de la presse est structurée. Pour ce faire, il fait construire les premiers fameux kiosques à presse sur les Grands Boulevards en 1857. C’est l’architecte du Théâtre du Châtelet, Gabriel Davioud, qui crée le modèle que l’on admire aujourd’hui. À l’origine, seules les veuves de guerre et de fonctionnaires peuvent vendre des journaux dans ces kiosques, pour pouvoir toucher un salaire. En seulement deux ans, plus d’une cinquantaine de kiosques viendront habiller les rues parisiennes. Le bonus ? Ils sont illuminés, et servent donc aussi d’éclairages publics !
Un développement explosif et une histoire riche
Dans les années 1870 et 1880, les kiosques à journaux vont connaître des changements radicaux. La Ville de Paris va devenir propriétaire des stands de vente, et leur nombre va exploser : près de 350 à la fin des années 1880. En 1900, les kiosques deviennent à nouveau privés. Ils appartiennent aux époux Rénier, qui créeront l’entreprise AAP (Administration d’Affichage et de Publicité) en 1911. Comme le nom de la société l’indique, les kiosques à journaux ne vont plus être que des stands de vente de presse. Ils serviront aussi de panneaux publicitaires, les grandes marques de l’époque s’arrachant les places sur les kiosques lumineux. À la veille de la Première Guerre Mondiale, ce succès commercial et cette diversité des publications font de la presse française la presse la plus lue au monde !
Les éditions Hachette rachètent l’AAP en 1948, signe de l’intérêt financier des kiosques à journaux. Cet essor continuera jusqu’à la fin des années 2000, où la presse en général s’essouffle. Les kiosquiers aussi, en parallèle. En 2009, l’AAP change de nom et devient MédiaKiosk, une entreprise dont le publicitaire JCDecaux sera l’actionnaire majoritaire. Face à ces difficultés, la Ville de Paris aide les kiosques à journaux en exonérant les propriétaires de leur redevance à la ville. La Mairie leur donne aussi le droit de vendre des produits annexes en dehors de la presse : souvenirs, titres de transports, boissons et snacks…
Aujourd’hui, pour continuer à faire vivre les kiosques à journaux, de nouveaux modèles ont été imaginés en 2018. Plus modernes et spacieux, ils permettent aux clients de rentrer dans le kiosque, cette fois. Une démarche qui a permis de faire augmenter les ventes de presse en kiosque à Paris, ainsi que le nombre de kiosquiers. Après être passé sous la barre des 300 dans les années 2000, ils sont désormais plus de 350. Un morceau de l’histoire de la capitale, on vous invite à soutenir les kiosques à journaux en achetant votre presse localement à Paris !
Photo de couverture : Archives | © François Grunberg/Mairie de Paris.