Né à Paris le 9 avril 1821, Charles Baudelaire a passé la majeure partie de sa vie dans la capitale. La Ville Lumière l’a aussi inspiré, et a été le décor de sa vie mouvementée. À l’occasion du 200ᵉ anniversaire de sa naissance, plongeons-nous dans les lieux parisiens qui ont fait l’histoire du poète !
« Les Fleurs du Mal », « Les Paradis Artificiels », « Le Spleen de Paris »… Les recueils de poèmes de Charles Baudelaire font partie des monuments de la littérature française, reflets d’un homme torturé qui explorera un panorama bluffant d’émotions et d’aspects de la condition humaine dans ses textes. Des poèmes profonds, puissants, inspirés par sa vie et par la réflexion, avec en toile de fond, souvent Paris. Du luxe à la misère, de l’infinie beauté à la violence gratuite, la capitale est une belle allégorie de la vie. Charles Baudelaire a vécu seulement 46 ans, mais il a pu faire l’expérience de l’exubérance de Paris, alors en plein changement. De 1821 à 1867, la capitale a en effet connu son époque ancienne, sa période de transformation, puis enfin les réalisations du baron Haussmann. Baudelaire a vécu a plus de quarante adresses, changeant souvent de domicile car constamment endetté. Voyageons dans les plus emblématiques.
13, rue d’Hautefeuille, 6ème/Quartier Latin
En plein cœur du Quartier Latin, Charles Baudelaire naît donc le 9 avril 1821. Son père étant mort tôt dans sa jeunesse, il est très fusionnel avec sa mère. Cependant, il ne s’entendra pas avec son beau-père, pour qui il a une aversion à cause de son statut de bourgeois. Baudelaire commence alors une vie de rébellion, qui le fera renvoyer du collège, où il remporte pourtant déjà des concours de vers. Après l’école, il mène une vie marginale, ce qui lui vaudra d’être envoyé en Inde pour changer par sa famille. Mais, son embarcation faisant naufrage, il revient à Paris, qu’il quittera très peu dans sa vie.
Quai de Béthune, 4ème/Île Saint-Louis
À son retour de son voyage écourté, le jeune Charles Baudelaire perçoit enfin l’héritage de son père défunt. En deux ans seulement, il dilapide la moitié de cette fortune, et se retrouve déjà endetté. Pourtant, il vit confortablement au 10 (aujourd’hui 22) quai de Béthune, sur l’Île-Saint-Louis, et virevolte avec ses muses. C’est à cette époque qu’il côtoie Jeanne Duval, l’une de ses principales inspirations.
Il y passe la plupart de ses années parisiennes, heureux et entouré d’artistes dans l’atmosphère bohème du petit village qu’est l’Île-Saint-Louis. En plus, il est proche de deux quartiers qu’il affectionne particulièrement : le Marais et le 5ème arrondissement, où il était au collège Louis-le-Grand. Dans le 5ème se trouve aussi le fameux restaurant La Tour d’Argent, où le poète était un grand habitué. Mais l’Île-Saint-Louis, c’est surtout le quai d’Anjou, où il habite notamment dans le magnifique Hôtel de Lauzun. À cette époque, Baudelaire est critique d’art et de littérature, journaliste et traducteur de l’écrivain Edgar Allan Poe.
Les faubourgs de Montmartre et de St-Denis
Changeant encore maintes et maintes fois d’adresse, le poète s’éloigne du Quartier Latin de son enfance et du centre chic de ses années bohèmes, pour côtoyer les quartiers sulfureux des faubourgs Montmartre et St-Denis. Avant les rénovations des travaux du baron Haussmann, ce sont des endroits plutôt malfamés à Paris, où les maisons de jeux et les établissements libertins fleurissent. Une atmosphère parfaite pour que le poète exprime son spleen et découvre les vices cachés de la capitale.
Des Fleurs du Mal au cimetière du Montparnasse
La vie de Charles Baudelaire va prendre un tournant en 1857, lors de la publication du magnifique mais polémique recueil « Les Fleurs du Mal », qui sera en partie censuré après un douloureux procès pour offense et outrage. La majorité de retours négatifs, sur ce qui sera pourtant considéré comme la plus grande réalisation du poète, ainsi que cet épisode politique et sociétal difficile, vont mettre à mal la santé mentale de Baudelaire. Ce dernier partira alors à Bruxelles, s’éloigner de ses démons parisiens. Mais il vivra miséreux et malade, jusqu’à développer de l’aphasie. En 1866, il est rapatrié à Paris, dans le 16ème arrondissement, au sein de la maison de santé du Dr. Guillaume Émile Duval, au 1, rue du Dôme. Il y finira sa vie, et mourra le 31 août 1867.
Il est enterré au sein du cimetière de Montparnasse dans le tombeau familial, avec son beau-père et plus tard, sa mère. En 1902, un cénotaphe est inauguré pour rendre hommage au poète défunt, et est toujours visible aujourd’hui.